31/10/2022
20
min

La péri-implantite

Chirurgie

La péri-implantite est une complication des tissus péri-implantaires qui peut survenir suite à la pose d’un implant dentaire. Non traitée, elle peut conduire à la perte de l’implant. Elle touche en moyenne 10% des implants dans les 5 à 10 ans suivant leur pose, soit en moyenne une personne sur cinq ayant un ou plusieurs implants.

Dans cet article nous allons détailler le diagnostic, la prévalence et les facteurs de risque de la péri-implantite. Un second article sera consacré à la prévention et au traitement de cette maladie.

La péri-implantite

La péri-implantite est une maladie infectieuse associée à la plaque pathologique survenant dans les tissus entourant les implants dentaires. Elle est caractérisée par une inflammation de la muqueuse péri-implantaire, d’un saignement et/ou une suppuration et d’une perte osseuse autour de l’implant.

Le terme péri-implantite est apparu pour la première fois dans la littérature en 1987 dans une étude de Mombelli et al [1]. L’étiologie multiple et les caractéristiques variées de la maladie ont toutefois entraîné un manque de consensus pour définir la maladie péri-implantaire d’un point de vue clinique.

Diagnostic de la péri-implantite

Dans la littérature, la plupart des auteurs préconisent que le diagnostic de la péri-implantite repose sur un ensemble de critères : la présence de plaque et de suppuration, un saignement au sondage (BOP), une profondeur de sondage (PD)> 5 mm et une perte osseuse radiographique >0,2 mm par an ou une perte osseuse progressive de plus de 3 spires de l’implant.

(A) Sondage autour d’un implant dentaire avec la présence d’une poche profonde, de suppuration et de saignement (B) Défaut osseux important [2]

Saignement au sondage (BOP)

Lors de l’examen clinique, le praticien est amené à effectuer un sondage parodontal : il utilise un instrument fin appelé sonde parodontale afin d’évaluer l’état de la muqueuse péri-implantaire. Le saignement au sondage indique la présence de signes d’inflammation active. Cependant ce saignement ne doit pas être toujours associé à la péri-implantite, il peut être attribué en partie à la fragilité mécanique des muqueuses péri-implantaires saines. En effet, des évaluations comparatives des dents et des implants chez les mêmes patients ont indiqué que, même en l’absence de maladie, la tendance aux saignements et les indices gingivaux étaient plus élevés au niveau des implants par rapport à celui des dents [3].

Néanmoins, il est toujours difficile de détecter l’inflammation autour des implants. Cela dépend de plusieurs facteurs, tels que la quantité de force exercée sur la sonde parodontale, l’épaisseur verticale des tissus mous, la position de l’implant, l’hygiène buccale et la connexion implant-pilier.

La profondeur de sondage

La profondeur de sondage est la distance entre le bord de la gencive marginale (libre) et l’épaule de l’implant. Elle renseigne sur l’état d’avancement actuel de la maladie. Toutefois, toutes les profondeurs de sondage > 5 mm autour des implants ne peuvent pas être considérés comme des signes évidents de péri-implantite. Le conditionnement des tissus mous et la hauteur des points de contact surtout au niveau des secteurs esthétiques peuvent aider à créer l’illusion visuelle d’une longue papille interdentaire et à augmenter la distance de l’épaule de l’implant au bord de la muqueuse jusqu’à 5mm.

Perte osseuse marginale

Une résorption osseuse marginale est observée dans les cas de péri-implantite. Des études expérimentales [4,5] ont montré que de nombreux ostéoclastes tapissent l’os crestal à la suite de péri-implantites. Cette perte osseuse est détectée grâce à la comparaison du niveau osseux avant et après l’implantation sur les radiographies de contrôle.

Certes, il n’existe pas de consensus sur le seuil à partir duquel on considère que la maladie est installée. Les valeurs considérées varient de 0,5 à 2mm de perte osseuse marginale et/ou de plus de 3 spires de l’implant.

Autour des implants, une résorption osseuse indépendante de l’infection peut se produire. Une telle perte osseuse est généralement limitée dans le temps et en étendue, elle ne doit pas être diagnostiquée à tort comme une péri-implantite. Par exemple, lorsque les implants sont placés trop profondément [6] ou trop proches les uns des autres [7] et après la pose de piliers sur des implants précédemment enfouis [8].

Ainsi, l’un des défis du diagnostic consiste à bien interpréter les radiographies pour différencier la perte osseuse due à une infection de celle due au remodelage osseux. Cette dernière pourrait être liée à la largeur biologique de l’implant et à la réponse biomécanique de l’os aux charges occlusales.

Bien que la perte osseuse soit essentielle pour définir la péri-implantite, il est difficile de la considérer comme la seule caractéristique diagnostique vu qu’elle peut être causée par plusieurs facteurs.

La possibilité de prendre une radiographie standardisée pour comparer le niveau osseux avant et après l’implantation est une autre préoccupation pour le diagnostic de la péri-implantite. Les radiographies doivent être exposées parallèlement à la fixation de l’implant, avec une crête osseuse proximale claire.
Les radiographies retro-alvéolaires sont recommandées. Les radiographies panoramiques pourraient être utiles pour le diagnostic de la péri-implantite dans les sites de molaires. Cependant, les radiographies tridimensionnelles sont considérées comme optimales, vu que les parois osseuses proximales, vestibulaires et linguales peuvent être évaluées.

La mobilité

La mobilité de l’implant est l’un des signes les moins couramment utilisés. Elle indique le stade final de la maladie péri-implantaire et la perte complète du contact direct os-implant. Elle annonce donc la perte de l’implant.

Les différences entre une péri-implantite et une mucosite péri-implantaire

La mucosite péri-implantaire est une réponse inflammatoire limitée aux tissus mous entourant un implant ostéo-intégré fonctionnel, tandis qu’une péri-implantite provoque une réponse inflammatoire impliquant une perte de l’os marginal autour d’un implant ostéo-intégré fonctionnel.
Par ailleurs, la mucosite non traitée peut évoluer en péri-implantite.

Les différences entre une péri-implantite et une parodontite

La parodontite est une maladie infectieuse d’origine bactérienne, due principalement à l’accumulation de la plaque dentaire. Elle affecte les tissus de soutien de la dent (gencive, cément, ligament alvéolo-dentaire et os alvéolaire). Elle débute généralement par une inflammation de la gencive (gingivite) qui s’étend progressivement vers le tissu osseux, en formant des « poches » infectées entre la gencive et la dent.
Le microbiote associé à la péri-implantite est complexe et présente des similitudes avec celui observé sur les sites de parodontite.
Les lésions péri-implantaires présentent trois caractéristiques principales qui diffèrent des lésions de parodontite [9]:

  • La première différence est le fait que l’épithélium de poche ne couvre pas toute la dimension de la poche de la muqueuse bien que des quantités importantes de plaque occupent le compartiment de poche dans les sites à péri-implantite. Ainsi, son tiers apical présente un tissu conjonctif non couvert et sévèrement enflammé face à une quantité massive de micro-organismes résidant à la surface de l’implant.
  • La deuxième différence est l’absence de ligament parodontal autour des implants et par conséquent, l’incapacité du tissu conjonctif péri-implantaire à séparer l’infiltrat de cellules inflammatoires de l’os crestal. Ainsi, contrairement aux lésions de parodontite au niveau des dents, les lésions de péri-implantite s’étendent rapidement jusqu’à la crête.
  • La troisième différence entre les lésions de parodontite et de péri-implantite est la taille globale et la composition de l’infiltrat inflammatoire.

Ces différences histopathologiques pourraient expliquer le schéma non linéaire et accéléré de la progression de la maladie péri-implantaire et la différence du taux de progression entre la parodontite et la péri-implantite.

Prévalence des péri-implantites

Les valeurs de la prévalence de la péri-implantite sont très variables selon les études car chaque auteur préconise des seuils de perte osseuse différents mais aussi au bout d’un nombre d’année de suivi différents. Néanmoins, l’intervalle des valeurs se trouve entre 6% et 25% pour les implants et entre 15% et 47% pour les patients.

Par exemple, Derks et al. (2016) [10] ont rapporté que 24,9% des implants développaient une péri-implantite, définie par la présence de BoP et/ou de suppuration et une perte osseuse supérieure à 0,5mm. Cependant, la prévalence dans cette étude est passée à 8% lorsque la péri-implantite a été définie comme une BoP et/ou une suppuration et une perte osseuse supérieure à 2mm.

Selon un étude menée par Tomoaki M et al. [11] une péri-implantite est survenue chez 15,3% des patients soit 9,2% des implants. Les taux de survie cumulés à 5 et 10 ans étaient respectivement de 95% et de 83%. La définition de péri-implantite dans cette étude était la présence de BoP et/ou de suppuration avec une résorption osseuse > 1 mm.

Les résultats d’une revue systématique [12] montrent que les estimations pour la fréquence de la péri-implantite était de 18,8% des participants et 9,6% des implants au bout de 5 année de suivi.
Une analyse de sous-groupe évaluant la fréquence de la péri-implantite chez les participants du groupe à risque élevé a révélé une légère augmentation de la fréquence de la péri-implantite chez les participants ayant des antécédents de maladie parodontale. De plus, la fréquence des participants porteurs d’implants présentant une péri-implantite était nettement plus élevée chez les fumeurs (36,3%).

L’étendue de la maladie

En présence de plus qu’un implant en bouche, la péri-implantite peut s’étendre aux autres implants. Une étude de Mir-Mari et al. (2012) [13] a rapporté que 37% de tous les implants étaient affectés chez les patients munis de ≥ 4 implants et diagnostiqués avec une péri-implantite. Fransson et al. (2009) [14] ont signalé une extension de 41,8%. L’étendue estimée dans les autres études allait de 37 à 83%.

La gravité de la maladie

La gravité de la maladie est généralement évaluée selon le degré de la perte osseuse marginale. Cecchinato et al. (2014) [15] ont décrit une prévalence globale de péri-implantite avec une perte osseuse > 0,5 mm de 23%. Alors que la prévalence des sujets présentant une péri-implantite en association avec des pertes osseuses >1 mm et >2mm était respectivement de 16 et 7%.

Les facteurs de risque

Différents indicateurs de risque des maladies péri-implantaires ont été identifiés. Plusieurs revues systématiques ont montré qu’une mauvaise hygiène buccale, un PCR « plaque control record » (indice de plaque dentaire de O’LEARY = nombre de sites avec plaque/nombre de site évalués par dent) > 20%, des antécédents de parodontite et le tabagisme étaient fortement associés au développement d’une maladie péri-implantaire.
D’autres ont signalé des facteurs potentiels avec des preuves limitées ou faibles, notamment les résidus de ciment de scellement, les facteurs génétiques, l’âge, le sexe, le diabète, l’absence de tissu kératinisé, les surcharges occlusales, le faible ajustement marginal de la supra-structure, les caractéristiques de surface de l’implant et son emplacement au maxillaire ou à la mandibule.

Le tabagisme et les antécédents de parodontite

L’étude menée par Martin Saaby et al. [16] indique que le tabagisme et les antécédents de parodontite sont des facteurs de risque importants d’augmentation de la gravité de la péri-implantite, tandis que la présence concomitante de ces deux facteurs n’augmente pas d’avantage la gravité de la péri-implantite, par rapport à l’un ou l’autre seul.

Chez ces patients, le tabagisme et/ou les antécédents de parodontite étaient associés à une perte osseuse marginale péri-implantaire considérablement accrue (20%). La perte osseuse était significativement plus avancée chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs dans le groupe des patients ayant perdu leurs dents pour d’autres raisons que la parodontite. Par ailleurs, dans le groupe des non-fumeurs, les patients atteints de perte de dents due à une parodontite se caractérisaient par une sévérité accrue de péri-implantite par rapport aux patients atteints de perte de dents non associée à une parodontite.

Patient fumeur de 56 ans atteint d’une perte de dents due à une parodontite. (a) L’implant présente une perte osseuse marginale péri-implantaire étendue, associée à une fracture de l’implant. (b) La radiographie a confirmé une fracture de l’implant (flèche) et une perte osseuse marginale péri-implantaire étendue (ligne) [16]

La plaque dentaire

Les dents naturelles peuvent servir de réservoir aux agents pathogènes colonisant les implants. Une relation de cause à effet a été établie pour l’accumulation de la plaque au niveau des implants dentaires déclenchant la réponse inflammatoire de l’hôte entraînant une mucosite et/ou une péri-implantite.
Une analyse logistique de régression a identifié des scores élevés de plaque et un contrôle glycémique faible comme facteurs de risque pour le développement d’une maladie péri-implantaire [17].

Tissus kératinisé insuffiant (<2mm)

Dans une étude [16] une corrélation entre l’absence de tissu kératinisé et la péri-implantite a été mise en évidence. Cependant, d’autres études [18] ont montré que le tissu kératinisé n’est pas nécessaire pour le maintien du tissu péri-implantaire ou que la présence de tissu kératinisé n’a pas affecté le développement de la péri-implantite.

La surcharge occlusale

Fu et al. [19] ont conclu dans leur étude que la surcharge occlusale était associée à la perte osseuse marginale péri-implantaire. Chez les patients avec moins de soutien occlusal de dents naturelles, les forces occlusales sur les implants sont plus importantes.

L’excès de ciment de scellement

Un excès de ciment peut agir en tant que corps étranger et provoquer ainsi une réponse inflammatoire entraînant l’apparition d’une péri-implantite. Ces restes de ciment peuvent être à la base de la colonisation par des micro-organismes buccaux entraînant le développement d’une mucosite ou d’une péri-implantite.

Wilson (2009) [20] a signalé qu’un excès de ciment dentaire était associé à des signes de maladie péri-implantaire dans 81% des cas. Après l’élimination du ciment en excès, les signes cliniques et endoscopiques de maladie péri-implantaire étaient absents dans 74% des implants.
Un mauvais ajustement marginal de la supra-structure peut également constituer un facteur de risque potentiel.

Le diabète et les maladies cardiovasculaires

Ferreira et al. (2006) [21] ont montré que les sujets diabétiques étaient plus susceptibles de développer une péri-implantite.
Renvert et al. (2014) [22] ont conclu que le rapport de cotes d’une péri-implantite et d’une maladie cardiovasculaire était de 8,7.

L’âge et le sexe, l’emplacement de l’implant au maxillaire ou à la mandibule, la solidarisation de la prothèse et le nombre de supports occlusaux

Ces paramètres ont été sélectionnées comme variables significatives pour la péri-implantite dans une étude menée par Tomoaki Mameno et al. (2018) [11] dans le but d’évaluer l’incidence de la péri-implantite dans la population japonaise .

Pré-Conclusion

De nos jours, la péri-implantite est une complication assez fréquente des implants dentaires. Plusieurs facteurs de risques ont été identifiés notamment le tabagisme, la parodontite et la plaque dentaire. Par conséquent, une prévention et un traitement doivent être de rigueur particulièrement chez les personnes à risque. Ce sera le sujet de notre prochain article.

Obtenez une démo

Vous êtes à un clic de transformer votre pratique. Commencez à collaborer avec une équipe d'experts passionnés.

Planifier une démo
Démonstration gratuite, en 15 min.

La péri-implantite, comme vu dans l‘article précédent, est considérée comme la complication biologique la plus difficile en implantologie, car non traitée, elle peut évoluer et entraîner la perte de l’implant. De ce fait, la prévention, le diagnostic précoce en mettant l’accent sur les facteurs de risque connus et le traitement adéquat de cette maladie sont importants.
Dans cet article nous allons découvrir les modalités de la prévention et du traitement de la péri-implantite.

Prévention

Les éléments clés de la prévention des maladies péri-implantaires sont :

  • Garantir une hygiène buccale irréprochable en donnant des instructions strictes au patient sur les méthodes efficaces de contrôle de la plaque (brosettes interdentaires, fil interdentaire, bain de bouche…)
a. Utilisation d’une brossette inter-dentaire, b. Utilisation du fil dentaire
  • Prévenir l’évolution des maladies parodontales :

Prévention de la mucosite péri-implantaire

Traitement de la mucosite péri-implantaire existante

Prévention de la parodontite

Traitement de la parodontite avant la pose des implants

  • Instaurer une thérapeutique de soutien :

Personnaliser les séances de maintenance en tenant compte des besoins spécifiques et des facteurs de risque potentiels présentés par chaque patient

Effectuer systématiquement un examen clinique et le cas échéant, un examen radiologique permettant de détecter les lésions péri-implantaires lors des séances de contrôle

  • Maintenance des éléments supra-implantaires :

Maintenance des piliers de connexion trans-muqueux

Maintenance des prothèses supra-implantaires

Traitement

Le but du traitement de la péri-implantite est de soigner la lésion, donc d’arrêter la progression de la perte de l’os porteur.

L’examen clinique sur les sites de péri-implantite traités, devrait mettre en évidence la fermeture de la poche et l’absence de saignement au sondage.
Il existe deux catégories de traitements : les traitements chirurgicaux et les traitements non chirurgicaux.

Traitement non chirurgical

Le traitement non chirurgical constitue la base du traitement de toutes les péri-implantites, quelle que soit leur sévérité. Il est constitué de plusieurs thérapeutiques que l’on peut combiner selon la nécessité :

  • Mise en place d’une hygiène orale impeccable :

Programmer des séances d’assainissement parodontal (détartrage et surfaçage radiculaire) et enseignement des méthodes correctes de brossage

  • Gestion des facteurs de risque :

Arrêter ou diminuer le tabagisme

Stabiliser et bien traiter le diabète et les maladies cardio-vasculaires

Traiter la parodontite existante

Éliminer les excès de ciment de scellement

Améliorer la supra-structure afin de faciliter l’accès au brossage

Améliorer l’occlusion

Restaurer les conditions favorables à l’hygiène orale

Augmenter la muqueuse kératinisée si absente ou insuffisante

  • Adjonction d’antiseptique :

Le traitement antiseptique est réalisé conjointement avec le débridement mécanique. Il consiste en l’application d’un puissant antiseptique, par exemple de la bétadine ou de la chlorhexidine, soit sous forme de bains de bouche à 0,1 %, 0,12 % ou 0,2 %, soit sous forme de gel appliqué directement sur le site concerné.

  • Débridement de la lésion péri-implantaire :

Il s’agit de nettoyer entre l’implant et la gencive à l’aide d’une instrumentation ultrasonique, de curettes, d’un laser ou encore d’un aéropolisseur. Tous ces moyens donnent pratiquement les mêmes taux de réussite.
Cependant, le débridement mécanique seul ne peut pas éradiquer efficacement ces agents pathogènes en raison des caractéristiques de surface et de la topographie des fixations d’implants. Les données rapportées par la littérature indiquent que les résultats sont meilleurs sur les surfaces d’implants non modifiées que sur les surfaces d’implants modifiées (traitement de la surface implantaire).

Exemple : Stérilisation et nettoyage des surfaces des implants au laser

La stérilisation et le nettoyage / décontamination des surfaces des implants dentaires peut se faire au moyen d’un traitement au laser à haute et basse intensité utilisant du CO2 et d’autres molécules. L’irradiation laser élimine les tissus mous inflammatoires situés autour de la poche péri-implantaire et élimine les contaminants de la surface de l’implant sans endommager ni altérer la topographie de la surface en titane. Une revue [1] a également souligné que des effets supplémentaires de décontamination et de désintoxication pouvaient avoir un impact positif sur la cicatrisation de la plaie du site péri-implantaire traité et offrir plusieurs avantages par rapport au traitement mécanique conventionnel utilisant des curettes, l’aéropolissage et les fraises. De plus, l’irradiation au laser de la surface de l’implant dentaire pourrait avoir un effet antimicrobien et inhiber la colonisation bactérienne après l’irradiation.

  • Adjonction d’antibiotiques ou thérapie photodynamique:

Antibio-thérapie  par voie générale:

Ces antibiotiques sont habituellement administrés par voie orale (comprimés, suspention buvable…).
Les molécules généralement utilisées sont les tétracyclines, le métronidazole, l’ornidazole (TIBERAL®), l’association amoxicilline-acide clavulanique (AUGMENTIN®), l’association amoxicilline-métronidazole….

Antibio-thérapie locale

Injection d’antibiothique par voie locale après ouverture d’un lambeau

Plusieurs agents pathogènes parodontaux sont incriminés dans la péri-implantite. Par conséquent, un traitement anti-bactérien est nécessaire.
SunJin Heo et al. [2] ont proposé un traitement qui consiste en une administration intrasulculaire de solution de chlorhexidine et de chlorhydrate de minocycline (HCl) toutes les 2 à 4 semaines.

Des diminutions statistiquement significatives de la profondeur de poche, du niveau de l’attache clinique et du saignement au sondage ont été observées après le traitement. À la fin, les niveaux osseux ont augmenté dans tous les défauts osseux, quelle que soit leur morphologie. La plus grande variation du niveau osseux a été observée dans les défauts profonds.

Thérapie photodynamique (PDT)

la PDT peut constituer une alternative utile aux antibiotiques pour le traitement des infections locales par éradication des agents pathogènes. Elle utilise un laser de faible puissance après application de molécules photosensibilisantes telles que le bleu de toluidine et le bleu de méthylène pour tuer les microorganismes pathogènes parodontaux.
La PDT offre certains avantages par rapport à l’utilisation d’antimicrobiens conventionnels (antiseptiques et antibiotiques), en tant que prévention de plusieurs parodonto-pathogènes cibles résistants aux espèces réactives de l’oxygène (ROS) générées photochimiquement, qui seraient responsables de la destruction bactérienne. En plus, elle utilise un photosensibilisateur approprié, des paramètres laser bien connus et une longueur d’onde de la lumière pour la génération de ROS.

  • Traitement chirurgical :

L’élimination aussi complète que possible du biofilm bactérien adhérant à la surface implantaire et le rétablissement d’une situation saine au voisinage de l’implant sont des conditions indispensables pour restaurer la santé des tissus péri-implantaires. Toutefois, en cas de péri-implantite grave, les procédures non chirurgicales peuvent être insuffisantes et un traitement d’accès chirurgical est nécessaire.

Après la thérapeutique initiale, des poches persistantes et trop profondes nécessitent un débridement et un surfaçage à ciel ouvert. Les interventions à lambeau permettent de débrider les lésions et sont réalisées par une incision et une élévation des tissus mous recouvrant l’os et l’implant. L’abord chirurgical procure une bonne visibilité de la zone à traiter. Il permet d’éliminer le tissu de granulation et d’accéder à la surface implantaire pour sa décontamination.

Les techniques chirurgicales sont divisée en techniques résectrices et techniques régénératives selon le but recherché et le type de la lésion osseuse.

  • La chirurgie résectrice :

Il s’agit de l’exérèse chirurgicale des poches. Elle est indiquée dans le traitement des défauts osseux horizontaux modérés à sévères (présence d’une ou deux parois) en l’absence d’impératifs esthétiques. Certes, elle ne permet pas la régénération osseuse du site de la péri-implantite.

  • Elimination chirurgicale des poches par repositionnement apical du lambeau :

Elle consiste à déplacer apicalement le rebord gingival. Le but est de stopper l’évolution de la perte osseuse et d’amorcer une ré-ostéointégration par formation d’une nouvelle masse au contact direct de la surface implantaire préalablement décontaminée.

  • Elimination chirurgicale des poches par repositionnement apical du lambeau avec ostéoplastie :

Dans le cas d’une poche infra-osseuse dont la topographie est peu favorable ou en présence d’un rebord osseux proéminent, on peut être amené à effectuer un nivellement de l’os péri-implantaire. L’ostéoplastie est effectuée à l’aide d’une fraise à os sous irrigation saline abondante (Sérum physiologique). Elle doit assurer une bonne coaptation entre la gencive et le rebord osseux.

Radiographies de contrôle suite à une péri-implantite traitée le 8 Avril 2009 par une régénération osseuse guidée combinée avec un aéro-polissage de la surface de l’implant. a. 4 Avril 2005, b. 6 Mars 2009, c. 30 Juin 2009, d. 28 Septembre 2009, e. 1 Février 2010, f. 8 Avril 2010 [3]

Elles ne sont appliquées qu’au niveau des lésions infra-osseuses, circonférentielles, caractéristiques de la péri-implantite. Elles sont indiquées si l’évolution est modérée à sévère et qu’une détoxification adéquate de la surface implantaire s’avère possible.La technique chirurgicale choisie dépend de :

  • La morphologie du défaut osseux :

Quatre murs osseux permettent une chirurgie réparatrice avec de l’os autogène ou un substitut osseux sans recours à une membrane

Trois murs osseux ou une déhiscence vestibulaire nécessitent, quant à eux l’utilisation d’une membrane pour contenir le produit de substitution ou l’os autogène.

La hauteur de muqueuse kératinisée :
Si celle-ci est insuffisante, des greffes épithélio-conjonctives doivent être réalisées avant même d’envisager une réparation osseuse.

Conclusion

Le traitement de la péri-implantite est souvent constitué de plusieurs thérapeutiques combinées. Néanmoins, seules les chirurgies régénératrices permettent une réparation tissulaire du site atteint.
Par ailleurs, une maintenance régulière et rigoureuse est indispensable après le traitement de la péri-implantite afin de garantir la survie de l’implant. La fréquence des séances dépend de la gravité et du stade de la maladie.

Sources

Tord Berglundh, Gary Armitage, Mauricio G. Araujo, Gustavo Avila‐Ortiz, Juan Blanco, Paulo M. Camargo, Stephen Chen, David Cochran, Jan Derks, Elena Figuero
Peri‐implant diseases and conditions: Consensus report of workgroup 4 of the 2017 World Workshop on the Classification of Periodontal and Peri‐Implant Diseases and Conditions
J Clin Periodontol. 2018;45(Suppl 20):S286–S291.

Schwarz F, Derks J, Monje A, Wang HL
Peri-implantitis
J Clin Periodontol. 2018 Jun;45 Suppl 20:S246-S266. doi: 10.1111/jcpe.12954

Momen A. Atieh, Nabeel H.M. Alsabeeha, Clovis Mariano Faggion Jr. and Warwick J. Duncan
The Frequency of Peri-Implant Diseases: A Systematic Review and Meta-Analysis
J Periodontol • November 2013, Volume 84 • Number 11

Andrea Mombelli, Nada Muller, Norbert Cionca
The epidemiology of peri-implantitis
Clin. Oral Implants Res. 23(Suppl. 6), 2012/67–76

Karoussis IK, Muller S, Salvi GE, Heitz-Mayfield LJ, Bragger U, Lang NP. Association between periodontal and peri-implant conditions: A 10-year prospective study.
Clin Oral Implants Res 2004;15:1-7.

Ong CT, Ivanovski S, Needleman IG, et al.
Systematic review of implant outcomes in treated periodontitis subjects.
J Clin Periodontol 2008;35:438-462.

Dena Hashim, Norbert Cionca, Christophe Combescure, Andrea Mombelli
The diagnosis of peri-implantitis: A systematic review on the predictive value of bleeding on probing
Clin Oral Impl Res. 2018;29(Suppl. 16):276–293.

Lang, Niklaus Peter / Karring, Thorkild
Consensus report of session IV. In: Lang NP, Karring T, eds. Proceedings of the 1st European Workshop on Periodontology. Berlin: Quintessence, 1994:365-369.

Zitzmann NU, Berglundh T.
Definition and prevalence of peri-implant diseases.
J Clin Periodontol 2008;35 (Suppl. 8):286-291. )

Derks J, Tomasi C.
Peri-implant health and disease. A systematic review of current epidemiology.
J Clin Periodontol 2015; 42 (Suppl. 16): S158–S171. doi: 10.1111/ jcpe.12334.
Stefan Renvert Marc Quirynen
Risk indicators for peri-implantitis. A narrative review
Clin. Oral Impl. Res. 26 (Suppl. 11), 2015 / 15–44
Lee CT, Huang YW, Zhu L, Weltman R.
Prevalences of peri-implantitis and peri- implant mucositis: systematic review and meta-analysis.
J Dent 2017;62:1–12.

Derks J, Tomasi C.

Peri-implant health and disease. A systematic review of current epidemiology.

J Clin Periodontol 2015; 42 (Suppl. 16): S158–S171. doi: 10.1111/ jcpe.12334.


Tord Berglundh, Søren Jepsen, Bernd Stadlinger, Hendrik Terheyden
Peri-implantitis and its prevention
Clin Oral Implants Res. 2019 Jan 12. doi: 10.1111/clr.13401.


Jepsen S, Berglundh T, Genco R, Aass AM, Demirel K, Derks J, Figuero E, Giovannoli JL, Goldstein M, Lambert F, Ortiz-Vigon A, Polyzois I, Salvi GE, Schwarz F, Serino G, Tomasi C, Zitzmann NU.
Primary prevention of peri-implantitis: managing peri-implant mucositis.
J Clin Periodontol. 2015 Apr;42 Suppl 16:S152-7.


Berglundh. T, Armitage. G, Araujo. M. G, Avila-Ortiz. G, Blanco. J, Camargo. P, Zitzmann. N

Peri-implant diseases and conditions: Consensus report of workgroup 4 of the 2017 World Workshop on the Classification of Periodontal and Peri-Implant Diseases and Conditions. J Clin Periodontol,(2018) 45 Suppl 20, S286-S291.


Berglundh, T., Wennström, J. L., & Lindhe, J.

Long-term outcome of surgical treatment of peri-implantitis. A 2-11-year retrospective study.

Clin Oral Implants Res.(2018) doi:10.1111/clr.13138


Carcuac. O, Derks. J, Abrahamsson. I, Wennström. J. L, Petzold. M & Berglundh. T .

Surgical treatment of peri-implantitis: 3-year results from a randomized controlled clinical trial.

J Clin Periodontol,(2017), 44(12), 1294-1303. doi:10.1111/jcpe.12813


Heitz-Mayfield. L. J. A, Salvi. G. E, Mombelli. A, Loup. P. J, Heitz. F, Kruger. E & Lang. N. P

Supportive peri-implant therapy following anti-infective surgical peri-implantitis treatment: 5-year survival and success.
Clin Oral Implants Res, (2018), 29(1), 1-6. doi:10.1111/clr.12910


Jamil Awad Shibli
Is Laser the Best Choice for the Treatment of Peri-Implantitis?
Photomedicine and Laser Surgery Journal 13 November, 2018


Mounir Tahmouni

Les péri-implantites : Données actuelles.
Sciences du Vivant [q-bio]. 2010.

https://www.parosphere.org/maladies-p%C3%A9ri-implantaires/le-traitement-des-p%C3%A9ri-implantites/

https://www.sop.asso.fr/les-journees/comptes-rendus/44-les-implants-a-l-epreuve-du-temps/3

Références

[1] Mombelli A, van Oosten MA, Schurch E Jr., Land NP.
The microbiota associated with successful or failing osseointegrated titanium implants. Oral Microbiol Im- munol 1987;2:145-151

[2] Jamil Awad Shibli
Is Laser the Best Choice for the Treatment of Peri-Implantitis?
Photomedicine and Laser Surgery Journal 13 November, 2018

[3] Cionca N, Hashim D, Cancela J, Giannopoulou C, Mombelli A.
Pro-inflammatory cytokines at zirconia implants and teeth. A cross-sectional assessment.
Clin Oral Investig. 2016 Nov;20(8):2285-2291. Epub 2016 Feb 2.

[4] Albouy JP, Abrahamsson I, Persson LG, Berglundh T.
Spontaneous progression of ligatured induced peri-implantitis at implants with different surface characteristics. An experimental study in dogs II: histological observations.
Clin Oral Implants Res. 2009 Apr;20(4):366-71.
[5] Carcuac O, Abrahamsson I, Albouy JP, Linder E, Larsson L, Berglundh T.
Experimental periodontitis and peri-implantitis in dogs.
Clin Oral Implants Res. 2013 Apr;24(4):363-71.
[6] Hämmerle CH, Brägger U, Bürgin W, Lang NP.
The effect of subcrestal placement of the polished surface of ITI implants on marginal soft and hard tissues.
Clin Oral Implants Res. 1996 Jun;7(2):111-9.
[7] Tarnow DP, Cho SC, Wallace SS.
The effect of inter-implant distance on the height of inter-implant bone crest.
J Periodontol. 2000 Apr;71(4):546-9.
[8] Adell R, Lekholm U, Rockler B, Brånemark PI.
A 15-year study of osseointegrated implants in the treatment of the edentulous jaw.
Int J Oral Surg. 1981 Dec;10(6):387-416.

[9] Tord Berglundh, Søren Jepsen, Bernd Stadlinger, Hendrik Terheyden
Peri-implantitis and its prevention
Clin Oral Implants Res. 2019 Jan 12.

[10] Derks J, Schaller D, Håkansson J, Wennström JL, Tomasi C, Berglundh T.
Effectiveness of implant therapy analyzed in a Swedish population: prevalence of peri-implantitis.
J Dent Res 2016;95:43–9.

[11] Tomoaki Mamenoa, Masahiro Wadaa, Yoshinobu Onoderab, Daiju Fujitab, Hironobu Satob, Kazunori Ikebea
Longitudinal study on risk indicators for peri-implantitis using survival-time analysis
J Prosthodont Res (2018)

[12] Momen A. Atieh, Nabeel H.M. Alsabeeha, Clovis Mariano Faggion Jr. and Warwick J. Duncan
The Frequency of Peri-Implant Diseases: A Systematic Review and Meta-Analysis
J Periodontol • November 2013, Volume 84 • Number 11

[13] Mir-Mari J, Mir-Orfila P, Figueiredo R, Valmaseda-Castellón E, Gay-Escoda C.
Prevalence of peri-implant diseases. A cross-sectional study based on a private practice environment.
J Clin Periodontol. 2012 May;39(5):490-4.

[14] Fransson C, Wennström J, Tomasi C, Berglundh T.
Extent of peri-implantitis-associated bone loss.
J Clin Periodontol. 2009 Apr;36(4):357-63.

[15] Cecchinato. D, Parpaiola. A, Lindhe. J.
Mucosal inflammation and incidence of crestal bone loss among implant patients: a 10-year study.
Clinical Oral Implants Research 25, 791– 796.(2014)

[16] Martin Saaby, Eva Karring, Søren Schou, Flemming Isidor
Factors influencing severity of peri- implantitis
Clin. Oral Impl. Res. 27, 2016, 7–12

[17] Gurgel BCV, Montenegro SCL, Dantas PMC, Pascoal ALB, Lima KC, Calderon PDS.
Frequency of peri-implant diseases and associated factors.
Clin Oral Implants Res 2017;28:1211–7.

[18] Lin GH, Chan HL, Wang HL.
The significance of keratinized mucosa on implant health: a systematic review.
J Periodontol 2013;84:1755–67.

[19] Fu JH, Hsu YT, Wang HL.
Identifying occlusal overload and how to deal with it to avoid marginal bone loss around implants.
Eur J Oral Implantol 2012;5:S91–103

[20] Wilson TG Jr.
The positive relationship between excess cement and peri-implant disease: a prospective clinical endoscopic study.
J Periodontol. 2009 Sep;80(9):1388-92. doi: 10.1902/jop.2009.090115.
[21] Ferreira SD, Silva GL, Cortelli JR, Costa JE, Costa FO.
Prevalence and risk variables for peri-implant disease in Brazilian subjects.
J Clin Periodontol. 2006 Dec;33(12):929-35.

[22] Renvert. S & Polyzois. I.
Risk indicators for peri- implant mucositis: a systematic literature review.
Journal of Clinical Periodontology (2014)  42(Suppl. 16): S172–S186.

[1] Aoki A, Mizutani K, Schwarz F, et al.
Periodontal and peri- implant wound healing following laser therapy.
Periodontol 2000 2015;68:217–269.


[2] SunJin Heo, Hyun-Joo Kim, Ji-Young Joo, Juyoun Lee, Sung-Jo Kim, Jeomil Choi

Simplified nonsurgical treatment of peri-implantitis using chlorhexidine and minocycline hydrochloride
J Periodontal Implant Sci. 2018 Oct;48(5):326-333

[3] Renzo Bassetti,Mario Bassetti,Norbert Enkling,Regina Mericske-Stern

Traitement d’une péri-implantite avancée dans le maxillaire inférieur Présentation d’un cas clinique
Rev Mens Suisse Odontostomatol Vol. 121 4/2011

L’excellence thérapeutique
pour chacun de vos patients

Planifier une démo
Démonstration gratuite, durée 15 min.